Une veuve et un chevalier, qui se disent chacun inconsolables de la perte de l’être aimé, se confient l’un à l’autre. Ces épanchements mutuels les amènent à une estime réciproque, à une amitié exclusive, puis, sous l’action de la jalousie qu’excite le Comte, qui est épris de la marquise, à un amour déclaré. Grâce à la suivante subtile qu’est Lisette, et au valet naïf qu’est Lubin, en dépit des intrigues du pédant Hortensius, un mariage se dessine…

« Les deux comédies de La Surprise de l'amour sont des oeuvres originales, elles ont leur source dans les récits de Marivaux lui-même, dans ses réflexions sur les rapports de l'amour-propre, de l'amour et de la conscience de soi. Ni la Comtesse, ni la Marquise ne sont des Matrones d'Éphèses ou des Princesses d'Édile, elles ont aimé, elles savent ce qu'est l'amour - heureux ou malheureux : elles aiment de nouveau non par légereté mais parce que "si l'amour menait bien, on n'aurait qu'un amant, ou qu'une maîtresse en dix ans ; et il est de l'intérêt de la nature qu'on en ait vingt, et davantage". Sans aller jusqu'à l'étalage érotique cher à nos contemporains, il faut noter que Marivaux connaît aussi bien la "nature" de l'amour que la réalité sociale, et que certaines de ses formules, dans ses grands romans et dans ses Journaux, sont d'autant plus hardies qu'elles sont plus rares »

Henri Coulet